Biographie | Alphonse Nicolas Lebègue (Paris, 1814-Bruxelles, 1885), fils d'imprimeur-typographe, se sentit très vite attiré par le métier de son père. Malgré l'opposition paternelle, il entra comme ouvrier typographe au Constitutionnel. Il compléta son apprentissage par des voyages et des séjours dans toute la France, en Belgique et en Suisse. En 1842, à Bruxelles, parurent les premiers volumes portant la mention d'éditeurs: Alphonse Lebègue et Sacré Fils, 13 rue des Alexiens. Parmi les ouvrages figurent une traduction française d'Aymé Verd de Walter Scott, La grande ville de Paul De Kock et Le Danger des mystifications de Balzac. Ceci marqua les débuts d'Alponse Lebègue dans la fameuse entreprise dite des " contrefaçons " belges de livres français. En 1843, Alphonse Lebègue, Sacré et Fils reprirent « Le Museum Littéraire » où ils donnèrent, entre autres, une douzaine de préfaçons et réimpressions de Balzac. Cette même année, Alphonse Lebègue s'installa comme imprimeur-éditeur, 1, rue Jardin d’Idalie. Le rythme de ses publications - jusqu'en 1849 avec Sacré Fils, puis sous sa seule responsabilité - s'accéléra alors. Son catalogue regroupait les noms de Dickens, George Sand, Jules Sandeau, Jules Janin, Barbey d'Aurevilly, Théophile Gautier, Lamartine, Eugène Sue, Paul Féval et Alexandre Dumas père dont il édita d'ailleurs les copieux Mémoires. La correspondance adressée par l'auteur à son éditeur de Bruxelles indique les relations professionnelles et amicales qui unirent les deux hommes. Il ne s'agit plus ici d'éditions belges d'œuvres françaises publiées sans l'autorisation de l'auteur. À la suite de la convention franco-belge du 22 août 1852, abolissant la réimpression des livres français en Belgique, Alphonse Lebègue dût renoncer à la publication du « Museum Littéraire. » Outre Dumas, il compta de nombreux amis et relations parmi les personnalités littéraires françaises réfugiées en Belgique après le coup d'État du 2 décembre 1851: Victor Hugo, Emile Deschanel, Noël Parfait et l'éditeur Pierre-Jules Hetzel. Début 1854, Alphonse Lebègue jouissait d'une situation et d'une réputation bien établies d'imprimeur-éditeur. En avril 1854, il signa un contrat avec un libraire-annoncier Jean-Prosper Brouwet. Ce contrat avait pour objet le commerce de librairie et l'entreprise des annonces, insertions, avis, réclames et tout autre mode de publicité, soit par des journaux affermés, soit par des journaux édités par la société. L'Office de Publicité, ainsi fondé, s'installa au 19, Montagne de la Cour et fut la première grande agence d'annonces du pays. La coédition avec Hetzel joua un rôle important dans la première étape de la vie de l'Office. Ces relations fructueuses permirent à Alphonse Lebègue de publier de nombreux livres dont Le bien qu'on a dit des femmes et Le mal qu'on a dit des femmes de Deschanel, La Comtesse d'Egmont de Jules Janin, et surtout, en 1856, l'édition belge des Contemplations de Victor Hugo. En 1858, il fonda avec Brouwet le premier hebdomadaire belge, le Journal de l'Office de Publicité, feuille d'opinions libérales destinées à donner au public un aperçu des évènements de la semaine dans les domaines politique, financier, commercial et littéraire, elle joua un rôle important dans le mouvement des idées en Belgique. Le nouvel hebdomadaire offrait l'attrait d'une équipe particulièrement brillante de collaborateurs belges et étrangers parmi lesquels Louis Hymans, Eugène Landoy, Edmond Cattier, Caroline Popp, la comtesse Dash et le publiciste français Proudhon, réfugié à Bruxelles pour des raisons politiques. Un deuxième déménagement porta la librairie, devenue de plus en plus vaste, au 46, rue de la Madeleine. Ayant dû quitter la maison de la rue de la Madeleine, que le Musée du Livre occupa après elle pendant une quinzaine d'années, l'Office de Publicité s'installa rue Neuve et se transforma après-guerre en société coopérative (d’après Emmanuelle Boutry: Hetzel - Lebègue: édition commentée de la correspondance d'un éditeur français exilé en Belgique et d'un libraire belge durant le Second Empire, mémoire de philologie romane, Université catholique de Louvain, 1999, p. 64-65). |