Mousquetaire I
À Marie Dumas
[Paris, 23 octobre 1853]
Je commence par te dire, mon cher petit, que malgré mon absence prolongée tout va bien.
C’est même pour que tout continue de bien aller et aille encore mieux, si c’est possible, que je reste.
J’ai rejoint Mr de Belleyme à Blois, il me donnera mercredi prochain mon référé qui complètera le paiement que j’ai à faire. Les Mémoires sont arrêtés mais vont reparaître sous une nouvelle forme.
Il faudrait faire mettre cette note dans L’Indépendance :
“Les Mémoires d’Alexandre Dumas vont cesser de paraître dans La Presse ; un avertissement officieux ayant été donné à Mr de Girardin par Mr Collet-Mégret, chef de la censure.”
Louis XV est définitivement arrêté par l’empereur lui-même mais j’ai l’autorisation de publier la pièce. Maintenant comme elle ne sera pas jouée à Paris, c’est à discuter si nous ne pourrions pas la faire jouer à Saint-Hubert concurremment avec La Jeunesse de Louis XIV au Vaudeville, je crois que l’un ferait faire de l’argent à l’autre.
Tu as dû recevoir les trois derniers actes.
Ecris un mot à Esquiros; demande-lui s’il a travaillé, s’il peut m’envoyer poste pour poste une vingtaine de pages de copie.
L’affaire Lévy est reprise, elle vient devant Belleyme et se présente dans des conditions plus favorables que la première fois.
Je t’embrasse bien tendrement et mets 100 f. aux Messageries de peur que vous ne soyez pas trop sans le sou.
A toi, ma bien chérie.
Alex.
Aut., BNF, n.a.fr. 14 669, f. 213. Alexandre Dumas. Mes Mémoires. Préface de Claude Schopp. Correspondance. Robert Laffont, 1989 (Bouquins), p. LI.
À Victor Hugo
[Bruxelles, 7 novembre 1853].
Mon bon et bien cher Victor,
Je ne sais en vérité comment vous remercier de vos remerciemens. Ce que j’écris sur votre talent est ce que depuis que je vous lis j’ai dans l’esprit -- ce que j’écris sur vous-même c’est ce que depuis que je vous connais j’ai dans le coeur.
Tout cela se fait jour -- Ce n’est point ma faute - Il ne faut ni m’en vouloir ni m’en remercier.
Vous savez que mes Mémoires sont arrêtés mais comme on ne veut pas le dire hautement - on pèse sur Girardin et Girardin m’écrit qu’il ne peut pas les continuer.
Je vais faire un journal pour les mettre au pied du mur, nous verrons si on l’arrêtera. Oh que je voudrais avoir huit jours -- Comme je partirais, comme j’irais vous voir, vous serrer la main vous embrasser -- Cela me manque bien je vous le jure -- Vous êtes l’Ethna vous -- et je ne suis moi que Stromboli.
Tout le monde se porte bien chez vous j’espère -- à propos j’ai reçu votre magnifique photographie.
Je vous embrasse des millions de fois mon ami -- et je vous quitte pour écrire pour la millième fois votre nom.
J’ai l’autre jour été mettre le mien sur une petite maison du faubourg St-Jean à Blois.
A vous dans ce monde et je l’espère bien dans l’autre.
Alex. Dumas.
Aut., Maison Victor Hugo, 1233. A la suite d’une lettre de Parfait, 5 novembre 1853. Il semble que Dumas ne soit arrivé à Bruxelles que le 7 novembre.
Publ., Cl. Schopp, “Documents pour l’histoire d’une amitié”, Cahiers Alexandre Dumas, n°14, 1985, p. 57; Alexandre Dumas. Mes Mémoires. Préface de Claude Schopp. Correspondance. Robert Laffont, 1989 (Bouquins), p. LI-LII.
À Alexandre Dumas fils
[Bruxelles, 17 novembre 1853].
Merci cher ami. Je n’en doutais pas. Prépare-moi un bon et attendrissant article sur Marie Duplessis. Je le signerai ou ferai signer par un de mes amis. Il est bon je crois que dans le même n° où l’on rend compte de La Dame aux perles on n’oublie pas La Dame aux camélias.
Viens me voir samedi dans la journée à l’hôtel et tâche de m’apporter les deux articles de Clésinger.
Le journal a aussi grand succès ici qu’à Paris.
Nous arrivons avec ta soeur demain soir à 11 heures. Ne dis rien à personne, Madame Guidi est prévenue.
Tu devrais la prendre et venir avec elle.
Si tu ne viens pas avec elle, passe dans l’intérieur de la gare en demandant -- soit Alquier, soit Jolivet, soit Mr Tillac.
Je t’embrasse.
Alex.
[suscription:]
Monsieur Alex. Dumas fils -- 22, rue Pigalle -- Paris.
[cachet postal.:]
Bruxelles 17 nov. 1853 3-4 S.
Paris Ier 18 nov. 53.
Aut., BNF, n.a.fr. 14 669, f. 92-93. Papier: Bath.
Alphonse Esquiros à Gustave N...
[novembre 1853].
J’arrive de Bruxelles où je suis resté quinze jours au milieu des émotions du Mousquetaire, de La Jeunesse de Louis XV et de bien d’autres entreprises littéraires qui germent, bourdonnent, grouillent au n°73 du boulevard Waterloo. J’ai fait remettre à M. Adolphe, par Madame votre mère, le 1er N° du Mousquetaire et trois volumes des Mémoires parmi lesquels celui où figure Le Mapah et M. de Lamennais, etc...
Aut., BNF, n.a.fr. 14 902, (f. 59-60).
À Louis-François Nicolaie, dit Clairville
[Paris, 23 novembre 1853]
A Mr Clairville.
Mon cher confrère
Comme vous pouvez le voir en tête de mon journal, la critique est indépendante et je ne réponds que de ce que je signe; mais je désire que toute personne attaquée, soit par moi, soit par mes collaborateurs, ait le droit de se défendre -- c’est selon moi la manière de forcer la critique à la sincérité, et elle regardera à ce qu’elle dit, quand elle saura qu’après avoir fait feu, il lui faudra essuyer le feu de son adversaire -- bien entendu que, dans ma conscience des convenances, je me réserve le rôle de juge de camp.
D’ailleurs, je ne suis pas encore, à travers le trouble et le mouvement inséparables d’une fondation précipitée, le maître d’imprimer une direction fixe et invariable au journal.
Il est fondé surtout, non pas pour faire de la critique, mais au contraire, pour soutenir les auteurs, les artistes -- et les producteurs en général: -- auteurs, peintres, sculpteurs, comédiens, contre la critique.
Et à ce propos, je fais hautement mes excuses à M. Arnaud, du Gymnase, et je lui dis comme à vous: la critique est encore en ce moment indépendante de ma volonté.
Avec le temps, une voie se tracera de laquelle le journal ne sortira plus.
Revenons à vous, mon cher confrère, comme vous pouvez le voir par la note ci-dessus, M. Asseline, notre collaborateur se promet de maltraiter votre pièce.
Vous êtes homme d’esprit, de beaucoup d’esprit, d’infiniment d’esprit. Vous avez fait quelques-unes des plus désopilantes fantaisies que j’aie vues. Eh bien, mettez-vous en mesure de lui répondre et rendez-nous en or la monnaie de sa pièce de cinq francs.
Si vous préférez vous porter reconventuellement critique, comme on dit en style de Palais, Asseline est un producteur, cherchez son livre, et envoyez-nous de la copie.
Fraternité.
Alex. Dumas.
23 novembre, trois heures du matin.
Publ., Le Mousquetaire, n°5, 24 novembre 1854, p. 3, rez-de-chaussée, col. 2 et 3.
Projet autographe de la lettre in Collection Jacques Papin:
Mon cher confrère
Comme vous pouvez le voir en tête de mon journal - la critique est indépendante et je ne réponds que de ce que je signe mais je désire que toute personne attaquée, soit par moi soit par mes collaborateursa, ait le droit de répondre.
bVous le voyez Mr Asseline promet de maltraiter votre pièce -- mettez-vous en mesure de lui répondre -- Vous êtes homme d’esprit, de beaucoup d’esprit, d’infiniment d’esprit, rendez-nous en or la monnaie d’une pièce de cinq francs.
cSi vous trouvez la critique de votre pièce [injuste], réfutez-la. Si au contraire vous […] faites vous-même […] article de critique.
Asseline a publié un livre de poésie Le Coeur et l’estomac. Vous êtes poète. Rendez compte du livre et le lendemain du jour où son article sur vous aura paru -- dans le même numéro si vous le désirez et que vous soyez prêt en même tems que paraîtra la critique de votre pièce par lui, paraîtra la critique de ses vers par vous. Je vous tends la main. Alex. Dumas.
Mr Clairville.
a “ soit par moi soit par mes collaborateurs”, ajout.
b Barré: M. Asseline se promet de vous maltraiter.
c § ajouté et difficilement lisible.
À Paulin Limayrac
[Paris, 23 novembre 1853]
Mon cher Paulin Limayrac
Je suis en retard avec vous je n’ai pas encore eu le tems de lire votre article.
Excusez-moi cela tient à ce que depuis huit jours j’écris de 55 à 60, 000 lettres par jour. Lorsque l’on écrit il est bien permis de ne pas lire.
Cependant mon amour-propre de chasseur ne me permet pas de laisser passer le paragraphe où vous dites à ce que l’on m’assure que je suis mauvais tireur.
Faisons une chose -- mettons en commun chacun vingt pièces de cinq francs cela fera quarante -- Je les prendrai une à une je les jetterai en l’air toutes celles que je toucherai je les insèrerai dans ma poche et de votre côté vous insèrerez dans la vôtre toutes celles que je toucherai pas.
Nous recommencerons le lendemain puis le surlendemain si vous voulez.
Tout à vous
Alex. Dumas.
22 novembre 1853.
Aut., BNF, n.a.fr. 14 669, f. 291. Papier bleu. Mention: Correspondance. Le Mousquetaire, novembre 1853.
À N...
[Paris, 24 novembre 1853]
Monsieur et cher confrère
Je publie à Paris, Maison Dorée, rue Laffitte n°1, le journal Le Mousquetaire - que je compte faire à peu près seul, et dans lequel passeront successivement, et mes Mémoires - 50 volumes à peu près - Et le reste de mes Romans inédits - c’est-à-dire le plus de volumes que je pourrai.
Je donne ordre de vous servir exactement le N° de chaque jour et je vous autorise à reproduire ce que bon vous semblera de mes articles courans - à l’exception, des romans et des Mémoires, qui appartiennent encore, mais qui bientôt, n’appartiendront plus à mes éditeurs.
En échange, je vous demande de publier le titre du Mousquetaire, dans les citations que vous ferez et je compte assez sur votre bienveillance, pour vous envoyer une annonce, que je serais heureux de lire dans vos colonnes, le jour où vous aurez besoin de remplissage.
Si je puis vous être utile de mon côté, je vous prie Monsieur et cher confrère, de compter sur votre dévoué camarade –
Alex Dumas.
Aut., Société des Amis d'Alexandre Dumas, fonds Glinel, R8 147. Collection C. Glinel Ancien notaire, 1, Rue Devisme, 1 Laon (Aisne). Acquisition A. Voisin 16 juin 1878.
À N…
Paris, ce 24 novembre 1853.
Monsieur
Je publie à Paris - maison Dorée, rue Laffitte n°1, le journal Le Mousquetaire - que je compte faire à peu près seul, et dans lequel doivent passer successivement, et le reste de mes Mémoires (à peu près 50 volumes). Et mes romans inédits.
Depuis vingt ans vous me connaissez et avez rendu à ma popularité d’importants services - je vous en suis on ne peut plus reconnaissant.
Maintenant - ce que vous avez fait pour moi, quand je travaillais dans les journaux des autres - puis-je vous le demander, pour le journal qui est ma propriété.
Sur les abonnemens que vous ferez, voici les remises que je vous offre.
L’abonnement est de 4 fr. pour un mois - 12 fr. pour 3 mois - 24 francs pour 6 mois - 48 fr. pour un an - Je vous fais sur ce prix - une remise de 50 c[entim]es pour un mois, d’un franc pour 3 mois - de deux francs pour 6 mois, de quatre francs pour un an - Je vous autorise en outre à retirer sur le prix de l’abonnement les 25 cts d’affranchissement, pour les abbonts de trois mois au moins.
J’espère que vous me seconderez de tout votre pouvoir, encore plus par sympathie pour moi, que pour les maigres avantages que je vous offre.
Veuillez recevoir l’assurance de mes sentimens reconnaissants et distingués.
Alex Dumas.
Aut., Musée Paul Arbaud, Aix-en-Provence, n°1410 A 1, dossier Dumas.
À Isabelle Constant
[Paris, 25 novembre 1853]
Mon petit chéri
Je t’envoie Mr Blanquet qui n’a pas pu pour son argent se procurer une place au contrôle c’est lui qui rendra compte de la pièce -- as-tu une stalle à lui donner –
Tu sais que j’ai été te voir deux fois hier sans te rencontrer à ce soir dans ta loge.
A toi mon cher enfant
Alex Dumas
51 fb St-Martin
ou au théâtre.
Aut., Société des Amis d’Alexandre Dumas, fonds Glinel, R 3/ 37 & 38. Acquisition Etienne Charavay 1887.
Arsène Houssaye à A. Dumas
Ce lundi 5 décembre [1853].
Votre seconde comédie La Jeunesse de Louis XV est retenue par la commission de censure comme la première La Jeunesse de Louis XIV.
Je n’ose pas vous conseiller d’en faire une troisième.
Romulus passera ces jours-ci, venez donc en surveiller les dernières répétitions.
Publ.: Le Mousquetaire, n°18, 7 décembre 1853, “Correspondance”; Revue et Gazette des Théâtres, 8 décembre 1853.
À Arsène Houssaye
[Paris, 5 décembre 1853].
Mon cher Directeur,
J’apprécie toute la délicatesse des sentiments qui vous fait comme directeur et surtout comme ami hésiter à me donner le conseil de faire une troisième comédie pour le Théâtre-Français.
Seulement je me suis promis à moi-même, si l’on arrêtait ma seconde pièce, comme on a arrêté ma première, d’en exécuter une troisième, et j’ai l’habitude de tenir surtout la parole que je me donne à moi-même.
Soyez donc assez bon de me donner lecture, pour une comédie en cinq actes, samedi courant.
Seulement, comme je n’ose pas me frotter aux jeunesses des rois, je descends d’un échelon et passe à la jeunesse des courtisans.
Celle-ci s’appellera La Jeunesse de Lauzun. Il va sans dire que, ne voulant pas vous ruiner, je m’arrangerai de manière à faire servir les costumes et les décorations de La Jeunesse de Louis XIV.
Seulement, si l’on arrête cette troisième pièce, comme on a arrêté les deux autres, je ne prends plus d’engagement vis-à-vis du public, ni vis-à-vis de moi.
Mais j’espère qu’il n’en sera pas ainsi. Le numéro trois plaît aux dieux de l’antiquité, a dit le proverbe latin. J’espère qu’il en sera de même des dieux modernes.
Tout à vous
Alex. Dumas.
P.S. Si j’étais prêt avant samedi, j’aurai l’honneur de vous le faire dire. J’espère qu’on ne dira point que j’ai apporté celle-ci de Bruxelles.
Publ.: Le Mousquetaire, n°18, 7 décembre 1853, “Correspondance”; Revue et Gazette des Théâtres, 8 décembre 1853; Le Gaulois du dimanche, 8-9 janvier 1898, p. 1. Fragm: F. Bassan, S. Chevalley, op. cit., p. 203 [datée 10 décembre].
À Roger de Beauvoir
[Paris, 6 décembre 1853]
Mon cher Roger,
Votre article du Mousquetaire sur Mlle Sedaine, a produit le meilleur effet. Nous apprenons à l’instant l’heureuse nouvelle que, grâce à votre réclamation fraternelle, sa pension est portée à douze cents francs.
Quand Le Mousquetaire n’aurait servi qu’à cela, qu’en dites-vous, messieurs les critiques?
Tout à vous, mon cher Roger.
Publ.: Le Mousquetaire, n°18, 7 décembre 1853, “A M. Roger de Beauvoir”.
J. Michelet à P. Meurice
Piémont - Nervi, près Gênes, 6 décembre 1853.
Mon cher et très-cher ami,
J’ai été fort malade en arrivant, et j’ai cru un moment donner le faible engrais de ma dépouille aux orangers de Nervi. Le lieu est tentant. Figurez-vous un cirque de marbre de cinquante lieues de tour, de Nice à la Spezzia. Gênes est assise au centre. C’est sur cette côte que Byron brûla à l’antique le corps du pauvre Shelley, l’auteur de la Reine Mab, selon ses dernières volontés. L’air vif et léger, la terre peu fertile, la mer transparente, stérile, sans poissons, sur un fond de marbre, tout semble prêt et disposé pour absorber avidement la vie ou favoriser les transformations.
Eh bien! je résiste encore à ces séductions, et je vis. -- Je vis d’air et de lumière. Je n’ai guère pris autre chose dans ces derniers temps, sauf un verre de lait par jour. Depuis avant-hier seulement, je suis un peu déchu de cette noble et spiritualiste existence. Que vous dirai-je? je mange: je retombe en bas…
Que faisais-je ces derniers temps, dans l’état de demi-rêve où me tenait ce régime, cet air nouveau, ce climat si différent? Devant cette mer lumineuse, la vraie mer stérile d’Homère, je flottais dans mes pensées: infini, nature, avenir…
Tout cela coupé vivement par des retours à la France, aux amitiés que j’y laisse, que je croyais quelquefois laisser pour toujours. J’y eusse eu regret, croyez-le, et je ne me serais pas consolé de ne pas savoir ce que deviennent vos travaux, ceux de mon gendre, où en est votre grande et difficile entreprise. Oh! oui, difficile en ce temps! J’assiste en esprit à vos luttes de toute espèce, et si je suis frappé de votre indomptable talent, qui se plie, replie à tant d’exigences absurdes, je ne le suis pas moins de votre héroïque persévérance.[...]
Je vous serre la main et vous aime de coeur.
Michelet.
Publ., Le Mousquetaire, n°41, 30 décembre 1853, « Correspondance », p. 1-2. Non publiée dans J. Michelet, Correspondance générale, op. cit.
Le texte est précédé de:
“ Nous avions conçu, sur la santé de notre illustre historien et cher ami Michelet, quelque inquiétude que nous n’osions communiquer à nos lecteurs. Nous avions serré sa main toute française au moment où ce serrement de main lui disait: AU REVOIR.
En effet, Michelet partait il y a deux mois pour rétablir en Italie une santé délabrée par ses derniers travaux sur la Révolution française, et nous l’avions accompagné dans son voyage avec des yeux inquiets, qui, on va le voir, ne s’exagéraient pas le danger.
Par bonheur, nous recevons aujourd’hui seulement la lettre suivante. Nous nous empressons d’en faire part à nos lecteurs comme d’un bulletin de sa santé.
A.D.”.
“Nous comptons faire une série d’études sur le poète historien, et nous commencerons incessamment par un examen de son Histoire de la République romaine.”
La lettre est reproduite -- comme adressée à A. Dumas --dans Ph. Audebrand, op. cit., p. 166-168.
A René de Rovigo
[Paris, 6 décembre 1853]
Mon cher Rovigo,
Je ne saurais mieux vous remercier et donner au public une preuve plus grande de modestie qu’en prenant votre causerie des Chroniques de France, qui dit tant de bien de moi et dans une si belle langue. Je le mets sous les yeux des lecteurs des Mémoires, entre deux articles de moi. Il est d’habitude que le tableau vaille mieux que l’encadrement.
Tout vôtre, et, puisque vous faites allusion à notre dernière rencontre, partout vôtre, vous le savez.
Publ.: “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°19, 8 décembre 1853, “À M. Roger de Beauvoir”.
Mlle George à A. Dumas
[Paris, 10 décembre 1853]
Venez me voir, mon cher Dumas; j’ai un service à vous demander.
Georges
rue de Bréda, 6.
Publ., Le Mousquetaire, “Causerie avec mes lecteurs”, n°23, 12 décembre 1853, p. 1 (1-3), p. 2 (1-2).
À N…
[Paris, c. 13 décembre 1853]
Monsieur
Permettez-moi de réclamer de vous un service: j’aurai besoin pour mes Mémoires de prendre des notes dans le recueil du Conseil d’Etat qui contient la séance où nous avons été appelés Hugo, Scribe, et moi à donner notre opinion sur les théâtres.
Excusez-moi, Monsieur, mais je cherche dans la nuit sans pouvoir trouver -- Votre nom brille -- et je vais à la lumière.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mes sentimens les plus distingués.
Alex. Dumas.
Aut., Collection J.-L. Debauve. Vente à Nouveau-Drouot, 8 juillet 1987. Publ., Alexandre Dumas. Mes Mémoires. Préface de Claude Schopp. Correspondance. Robert Laffont, 1989 (Bouquins), p. LII.
À Jean-Baptiste Porcher
[Paris, 17 décembre 1853]
Mon cher Porcher,
L’article Scribe était composé, par conséquent, à la prochaine occasion votre recommandation.
Au reste, l’article comme vous le verrez n’est pas bien méchant.
À vous
Alex. Dumas.
Vous savez qu’Hostein n’ayant fait aucune proposition à Isabelle, Isabelle a signé pour le Vaudeville.
Aut., Archives nationales, AB XIX 715. Publ., Alexandre Dumas. Mes Mémoires. Préface de Claude Schopp. Correspondance. Robert Laffont, 1989 (Bouquins), p. LII.
À Alexandre Bixio
[Paris, c. 18 décembre 1853?]
Me voilà mon cher Bixio arrivé d’hier Bocage m’a dit que quelque chose te déplaisait dans la fin de mon article. Viens vite me le dire afin que je le change.
A toi
Alex.
Aut., BNF, n.a.fr. 22 736, f. 114.
Alphonse de Lamartine à Alexandre Dumas
Paris, 19 décembre 1853.
Vous me demandez mon avis? J’en ai sur les choses humaines, je n’en ai point sur les miracles. Mon avis écrit sur vous, c’est un point d’exclamation!!!
On avait cherché le mouvement perpétuel; vous avez créé l’entrain perpétuel.
Adieu, vivez, c’est-à-dire écrivez. Je suis là pour vous lire.
Alphonse de Lamartine.
Archives de Saint-Point. Publ. Correspondance inédite de Lamartine, éd. Ch. Croisille, t., p. 132. Reproduite dans Le Mousquetaire, n°34, 23 décembre 1853, datée 20 décembre 1853:
« Mon cher Dumas,
« » Vous avez appris que j’étais devenu votre abonné et vous me demandez mon avis sur votre journal.
» J’en ai sur les choses humaines.
» Je n’en ai point sur les miracles.
» Vous êtes surhumain! Mon avis sur vous est un point d’exclamation.
» On avait cherché le mouvement perpétuel; vous avez fait mieux, vous avez créé l’étonnement perpétuel.
» Adieu, vivez, c’est-à-dire écrivez. Je suis là pour vous lire.
Lamartine. »
(copie, collection privée, sur papier au timbre sec: AD enchâssés, couronne de marquis.)
Noël Parfait à Charles Parfait
Bruxelles, 20 décembre 1853.
Mon cher Charles,
J’attendais de tes nouvelles avec grande anxiété, tu dois le croire car je ne pouvais m’expliquer ton long silence que par des suppositions toutes plus affligeantes les unes que les autres. Enfin, j’ai une lettre de toi, et je suis un peu rassuré sur ton compte. Je ne le suis pas tout à fait pace que je vois qu’au moment où tu m’écrivais cette lettre tant désirée, tu n’étais pas encore complètement débarrassé de cette maudite grippe par laquelle tu as payé ton tribut au dur climat de la Russie. Ne t’endors donc pas sur ta plume, si tu veux m’ôter toute inquiétude. -- Cela me rappelle que, de ton côté, tu n’es pas parfaitement tranquille à mon endroit, non quant à la santé, mais quant à la position, et que ton excellent coeur te fait vivement désirer de savoir à quoi t’en tenir. Eh bien, après les explications que je vais te donner, tu resteras vis-à-vis de moi comme je reste vis-à-vis de toi, encore assez perplexe. Dumas est, en effet, parti pour Paris, il y a environ trois mois, en apprenant que sa pièce de La Jeunesse de Louis XIV était arrêtée par la censure, qui trouvait que les amours de Marie de Mancini avec le grand roi pouvaient prêter à des allusions dangereuses. Je crois t’avoir parlé de cela dans ma précédente lettre. Arrivé à Paris, Dumas fit d’abord quelques démarches pour obtenir que l’interdiction fût levée; mais, voyant qu’il ne réussirait pas, il conçut l’idée d’une de ces fanfaronnades qui lui sont familières et annonça publiquement qu’il allait, dans l’espace de cinq jours au plus remplacer La Jeunesse de Louis XIV par La Jeunesse de Louis XV. Au bout de soixante-seize heures, c’est-à-dire de beaucoup de moins qu’il n’en avait demandé, la pièce nouvelle était faite, lue au Théâtre-Français, et reçue avec acclamations, comme on reçoit toutes les pièces dans cet endroit-là, surtout les mauvaises. La Jeunesse de Louis XV n’était pas mauvaise, elle était exécrable! J’en excepte pourtant les deux 1ers actes, admirablement posés, pleins d’intérêt, et pétillants d’esprit, mais dame! d’un esprit sentant d’une lieue le Parc-aux-Cerfs, et tout à fait sans feuille de vigne -- N’importe! l’ouvrage fut mis en répétition, et distribué comme eût pu l’être un chef-d’oeuvre, entre Beauvallet, Brindeau, Maillard, Delaunay, Madeleine Brohan, Judith, Allan, Dubois, Nathalie, Rimblot, etc. Sur ces entrefaites, Girardin reçut l’avertissement officieux de suspendre la publication des Mémoires. Dumas furieux se monta la tête. On avait beaucoup parlé de son coup de force littéraire, et ce bruit fait autour de sa personne l’avait déjà grisé. Il crut épouvanter ses ennemis hauts et bas en fondant un journal où il aurait constamment la parole; il trouva je ne sais quel bailleur de fonds, et Le Mousquetaire fut créé ! Le Mousquetaire !... Enfin !… Le 20 novembre dernier vit l’apparition de cette feuille, qui n’épouvanta personne, dont personne même ne paraît s’occuper, et qui ne restera, si elle reste, que comme le plus incroyable monument de l’égotisme et de la personnalité! cela n’est pas même curieux: cela fait hausser les épaules, voilà tout. Les Mémoires qui en forment la partie principale, et dont la politique est désormais exclue, puisque le journal est purement littéraire, ne sont plus qu’un indigeste recueil de vieilles anecdotes de coulisses, et de citations faites sans ordre, sans plan, sans but, à tort et à travers. En vérité, ceux qui, comme moi, aiment sincèrement Dumas ne peuvent qu’être profondément affligés de le voir ainsi galvauder son talent et compromettre sa réputation littéraire -- Maintenant tout cela n’empêche pas maison de Bruxelles de marcher comme devant, un peu cahin-caha, mais enfin de marcher. Dumas n’a, s’il faut l’en croire, aucunement l’intention de l’abandonner. Le fait est qu’il ne le pourrait pas aujourd’hui, à moins de désintéresser son propriétaire et ses créanciers (ce qui demanderait une somme de douze à quinze mille francs), ou de tomber dans une nouvelle déconfiture. Tu me diras qu’il est absurde de s’en aller fonder un journal à Paris, d’y vivre en hôtel garni, et d’entretenir en même temps une lourde maison à Bruxelles; mais c’est précisément parce que cela n’a pas le sens commun que cela est. Tu comprends bien que j’ai fait des observations, non à un point de vue égoïste, et parce que je craignais de voir ma position perdue, mais parce que, je le répète, j’aime beaucoup Dumas, et que je lui dois de la reconnaissance pour tous les services qu’il m’a rendus. Mes observations n’ont point été écoutées, je n’ai pas besoin de te le dire. Alors, j’ai laissé aller le flot; je me suis confiné dans mon bureau, où, du reste, le travail ne m’a pas manqué depuis ces trois mois; et, maintenant, j’attends patiemment la débâcle. Elle ne tardera pas à arriver, j’en ai la ferme conviction. Le Mousquetaire croulera, et Dumas reviendra à Bruxelles; seulement, il y reviendra après avoir regrossi le chiffre de ses dettes, que, grâce à une persistance de deux années, j’étais parvenu à amoindrir; il le sait bien lui-même, car il disait dernièrement à Barthélemy: « Si j’avais eu Noël avec moi depuis cinq ans seulement, j’aurais aujourd’hui cinquante mille francs de côté! »
Aut., Bibliothèque municipale de Chartres, NA 253/8/3.
À George Sand
[Paris,] 24 décembre 1853.
Chère Notre-Dame de Nohant,
Si vous n’avez pas encore pardonné à tous ceux qui vous ont offensée, ne pardonnez pas à Buloz, et envoyez-nous la moindre chose sur lui. Nous ne demandons pas qu’elle soit longue, nous demandons qu’elle soit désagréable!
Je baise à genoux votre charmante griffe.
Respectueuse fraternité.
Alex. Dumas.
Copie, Bibliothèque de l’Institut, fonds Spoelberch de Lovenjoul, E 935, f. 53. Publ., G. Sand, Correspondance, XII, p. 217, n. 1.
George Sand à A. Dumas
[Nohant, 27 décembre 1853].
Je ne suis pas aux cieux, je ne reviens même pas du Congo, j’y suis, et je ne comprends rien à vos trois lignes. Qu’a donc fait Buloz? qu’est-ce qu’il y a? Le Mousquetaire me l’aurait dit, mais... dévoilerai-je les turpitudes d’un nommé Paul qui a probablement mal donné mon adresse à la bande du journal? Le Mousquetaire est en retard. Lui! d’Artagnan arrêté par la neige et le verglas! -- Je ne peux pourtant pas vous laisser écrire que je reçois le Mousquetaire et que je ne lis pas. Mais dites à Paul que je lui pardonne et que je vous défends de le gronder. Je vais le recevoir d’autant plus que j’ai écrit ces jours derniers qu’on m’envoyât tout ce qui a paru.
Pour en revenir à Buloz, quoi qu’il ait fait, je ne puis y toucher. J’ai plaidé contre lui et j’ai gagné. Je l’ai rencontré peu après, revenant du cimetière où il venait de laisser son fils. Il pleurait, je lui ai tendu la main. C’est fini, on ne revient jamais sur une poignée de main, n’est-ce pas?
Bon courage, cher maître, bonne année. Produisez beaucoup, faites-nous des pièces, pour que nous apprenions à les faire.
La neige tombe à flots, mais je me dégèle pour vous embrasser.
George Sand.
27 Xbre 53.
Aut., 2 p. 1/2 petit in-8°. Publ., G. Sand, Correspondance, XII, p. 217-218.
À Alexandre Bixio
[Paris, 27 décembre 1853].
As-tu quelque répugnance à me dire de quelle façon fut fondée la Revue des Deux Mondes et si tu y étais pour quelque chose.
J’ai dit que toi et Bocage étiez des fondateurs -- et Buloz me donne un démenti par huissier disant que ni l’un ni l’autre vous n’y avez jamais été pour rien.
réponse poste pour poste, ou plutôt Michel par Michel.
Alex. Dumas.
[suscription:]
Monsieur Bixio
36 rue Jacob
Maison Rustique
Réponse.
Aut., J.-L. Debauve. Catalogue de vente Bixio, 1959, n°40, 2°. L.a.s., à Bixio, 3/4p. in-8°.
François Buloz à A. Dumas
Paris, le 27 décembre 1853.
À Monsieur Alexandre Dumas.
Appelez à votre aide (vous en avez grandement besoin, monsieur), selon vos honorables et généreuses pratiques, tous les faiseurs de méchans vers et de mauvaise prose qu’on laisse à l’écart, tous vos confrères les Vadius et les Trissotins de Paris, et vous ne manquerez pas d’illustres auxiliaires; mais je suis encore assez robuste pour supporter les vieilles plaisanteries recueillies dans les journaux équivoques, usées par vous-même il y a dix ans. Il n’y a que la calomnie et la diffamation que je ne supporterai pas; et puisque vous annoncez dans votre journal, même des lettres de morts contre moi, et que d’ailleurs la justice est saisie, nous ne ferons pas comme en 1844: nous exigerons qu’on nous produise les originaux de ces lettres.
Veuillez avertir votre noble chevalier, M. Roger de Beauvoir, que nous demanderons la production des lettres de Mlle Mars qu’il nous promet contre nous, et quant à l’article dont il nous menace, nous pourrons bien lui donner pour commentaires une petite correspondance que nous avons encore dans nos cartons.
Pour l’historiette ridicule que vous faites signer de votre secrétaire Viellot, elle est de trop de quelqu’un qui ne sait rien des réceptions officielles, elle manque trop d’esprit pour valoir une réponse. L’ignorance de votre secrétaire, ou plutôt la vôtre en ceci encore, est telle qu’on met en scène M. Mallac comme chef de cabinet de M. le ministre de l’intérieur en 1846 ou 47, alors que M. Mallac était préfet de la Nièvre, puis de l’Hérault.
Je vous salue,
Buloz.
Publ., Le Mousquetaire, n°43, 1er janvier 1854, p. 1, col. 1. “Première lettre remise au bureau du Mousquetaire par l’entremise de M. Jean-Baptiste-Marie-Jules Cari-Mantrand, huissier près le Tribunal civil de la Seine, séant à Paris, y demeurant rue des Bourdonnais, 31.”
François Buloz à A. Dumas
Paris, le 28 décembre 1853.
A Monsieur Alexandre Dumas.
Il faut que votre esprit et vos souvenirs soient bien troubles, monsieur, pour imaginer la nouvelle version que vous avez ajoutée à la suite de ma lettre à propos de Vendée et Madame. Dans quelle confusion de toutes choses vous jette cette manie de travestir les faits les plus simples!
Je suis forcé de vous donner encore un démenti formel. Il n’y a eu ni arbitres, ni arbitrage dans cette affaire, et personne ici, vous le savez bien, ne songeait à porter atteinte à vos droits. Vous aviez une parfaite connaissance de cette seconde édition, puisque vous en aviez touché le prix avant la réclamation du général Dermoncourt. Peut-être celui-ci n’a-t-il pas tout su; mais c’était à vous, seul rédacteur-vendeur de ces deux éditions, de l’informer. Vous n’avez pas non plus partagé avec le général Dermoncourt (partagez-vous d’ordinaire avec vos collaborateurs?); vous ne paraissez même plus savoir ce que vous avez donné au général Dermoncourt, et peut-être les livres de l’opération vous l’apprendront-ils au procès?
Voilà pour cette affaire; voici pour celle de M. Harel.
Vous pouvez continuer à ramasser contre moi les calomnies des morts et des vivans; mais croyez-vous que cela arrange beaucoup vos affaires devant le Tribunal qui doit vous juger.
Oui, j’avais prévu la chute éclatante qui attendait la pièce de M. Harel, et je l’avais repoussée de mon vote. C’était mon droit et mon devoir de dire au ministère, comme au théâtre, que la pièce était vulgaire, dangereuse, sans moralité. Je refusai même d’assister aux répétitions. Mais à qui fera-t-on croire que l’administration du Théâtre-Français ait jamais fait tomber une pièce? Le public ne se charge-t-il pas suffisamment de ce soin? Ce sont là de petites consolations à l’usage des auteurs tombés, et vous et votre confrère Harel, vous ne vous les refusiez pas. M. Harel se permit d’y joindre des insinuations calomnieuses. Je dédaignai toute réponse. Un fonctionnaire doit se taire, en pareil cas, quand son gouvernement lui maintient sa confiance.
Aujourd’hui que je ne suis plus qu’un simple particulier, et que vous rééditez les diatribes de M. Harel, pour me diffamer, je vous répondrai que le Tribunal jugera cette conduite; que, d’ailleurs, la comptabilité du Théâtre-Français est là pour prouver que je n’ai jamais touché d’autre traitement que celui que m’allouait l’Etat sur le budget, celui qu’avaient fixé les ordonnances royales ou ministérielles; qu’enfin j’ai toujours été uniquement le représentant de l’Etat.
Vous ne craignez pas de dire que ma première lettre était injurieuse. Je ne pratique pas l’injure, monsieur; je repousse celles que vous m’adressez. Qui vous croyez-vous donc? Une tête sacrée, le dieu Vaudoux de Saint-Domingue, sans doute! Voilà dix ans que vous me poursuivez de vos calomnies, et je n’aurais pas le droit de réfuter vos calomnies et de les déférer aux Tribunaux! Allez donc! Mais en voilà assez; j’attends la décision des magistrats.
Je vous salue.
F. Buloz.
Publ., Le Mousquetaire, n°43, 1er janvier 1854, p. 1, col. 3. “Deuxième lettre de M. Buloz, toujours déposée au bureau du Mousquetaire par l’intermédiaire dudit Jean-Baptiste-Marie-Jules Cari-Mantrand, toujours huissier près le Tribunal civil de la Seine.”
Alfred Baron à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Monsieur Dumas,
Puisque vous avez eu la noble et généreuse pensée de faire donner à un illustre mort une tombe, et que vous prenez encore l’heureuse initiative de faire élever deux monuments, l’un à Balzac, l’autre à Frédéric Soulié, il est de mon devoir de venir offrir à mon tour un faible concours à vos généreux efforts.
J’ai été assez heureux, quelques mois avant la mort de Frédéric Soulié, d’exécuter son buste, le seul qui existe, et par conséquent le seul portrait monumental possible de cette grande figure. J’offre de faire le buste en grand, pour qu’il soit placé sur son tombeau. Je ne demande que les frais stricts que nécessitera la reproduction de ce buste en marbre, en bronze ou en pierre.
Recevez, mon cher Monsieur Dumas, l’assurance de mon dévoûment,
Alfred Baron
Paris, ce 29 décembre 1853.
Publ., “Correspondance”, Le Mousquetaire, n°43, 1er janvier 1854, p. 2, col. 3.
Joseph Boulmier à A. Dumas
Paris, le 29 décembre 1853.
Monsieur,
Il a été question, dans un des numéros du Mousquetaire, de l’Ode à la Faim, d’Hégésippe Moreau; je savais que cette ode resterait à jamais inédite, et j’avais eu depuis longtemps la témérité d’y suppléer par la courte pièce que j’ai l’honneur de vous soumettre. Elle est signée d’un nom que vous ne connaissez guère; mais je sais d’avance, Monsieur, que ce ne sera pas pour vous une raison de ne point la lire, et si elle en vaut la peine, de ne point l’insérer dans votre journal. Si elle est mauvaise, ou qui pis est, médiocre, j’en serai quitte pour mes frais de correspondance, et je n’en resterai pas moins, Monsieur,
Votre admirateur sympathique et dévoué,
Joseph Boulmier
Publ., “Correspondance”, Le Mousquetaire, n°43, 1er janvier 1854, p. 2, col. 3. Suit le poème de Joseph Boulmier: Malesuada Fames! Episode de la vie d’Hégésippe Moreau.
Marc Fournier à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Le théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui aurait pu être sauvé par Vautrin, si les ministres du roi Louis-Philippe n’eussent pas vu dans Vautrin la ruine de l’univers, doit être le premier à vous remercier de votre initiative, et à mettre sa prospérité au service de vos généreuses pensées.
Je choisirai mon meilleur jour et mon plus beau succès, mes acteurs les plus aimés, et nous dirons au public:
“ C’est pour ce grand mort qui fut si mal pleuré et sitôt oublié.”
Et le public se souviendra de lui.
A vous, Marc Fournier.
Paris, 29 décembre, à six heures.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853, p. 1.
Charles Desnoyer à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Je suis tout à vous pour la représentation à bénéfice dont vous parlez dans votre journal. De tous les théâtres de Paris, l’Ambigu est sans contredit celui qui doit le plus à Frédéric Soulié, et je suis heureux de contribuer un tout petit peu, pour ma part, à acquitter cette dette de la littérature moderne envers notre illustre confrère.
Tout à vous,
Ch. Desnoyers.
29 Décembre, en lisant Le Mousquetaire.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853, p. 1.
Hippolyte Hostein à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Vous savez que mon théâtre et moi sommes à votre disposition.
Je regrette que vous ayez oublié, au nombre des pièces de Balzac, représentées sur les différents théâtres de Paris, la Marâtre, que j’ai fait jouer au Théâtre-Historique.
Tout à vous, Hostein.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853, p. 1.
Pierre Ligier à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Disposez de moi pour les représentations de Frédéric Soulié; vous trouverez bien un rôle de comparse pour
Votre vieil ami, Ligier.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853.
Etienne Mélingue à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Nous en sommes, ma femme et moi, n’est-ce pas?
Mélingue.
Belleville, 10 heures du soir.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853, p. 1.
Paul Bocage à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Mon oncle n’est pas à Paris, mais il me renierait pour son neveu, si je ne venais pas vous dire en son nom:
Tout à votre service pour les représentations Soulié et Balzac.
Paul Bocage.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853.
Laferrière à A. Dumas
[Paris, 29 décembre 1853].
Mon cher Dumas,
Ne m’oubliez pas sur votre liste.
A vous, Laferrière.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°42, 31 décembre 1853, p. 1.
À Eve de Balzac
[Paris, 30 décembre 1853].
Madame,
Il était à nous et à la France avant d’être à vous. Nous réclamons la priorité. Laissons-nous vous donner le tombeau, vous donnerez le buste, ou pour une de nos places publiques, ou pour le Musée de Versailles.
Je suis avec respect, Madame, votre très humble et très obéissant serviteur
Alexandre Dumas.
Publ., Le Mousquetaire, n°44, 31 décembre 1853. Cette adresse à Mme de Balzac est précédée de cette introduction: “Nous savons que, depuis la mort de son mari, [Mme de Balzac] s’est occupée de choses plus importantes pour la mémoire d’un mort qu’une pierre et une épitaphe. Nous savons qu’aussitôt le retour de notre grand David d’Angers, elle lui a demandé un buste de son mari, et qu’elle destine ce buste au tombeau de l’auteur de la Comédie humaine, mais nous lui dirons:”. La lettre ouverte ne semble pas avoir été doublée d’une lettre adressée à Mme de Balzac.
Henri Hetz à A. Dumas
Paris, le 30 décembre 1853.
Mon cher Dumas,
F. Soulié était l’un de mes bons amis. Je m’associe donc de tout coeur à votre projet de perpétuer sa mémoire.
Disposez, je vous en prie, et de ma salle et de moi-même comme bon vous semblera.
Votre sincère ami et admirateur, Henri Herz
Rue de la Victoire
Publ., “Correspondance”, Le Mousquetaire, n°43, 1er janvier 1854, p. 2, col. 3.
Auguste Clésinger à A. Dumas
[Paris,] 31 décembre [1853] au soir.
Mon cher Dumas,
Puisque le buste de Balzac est pris, je me charge de la statue de Soulié.
Il va sans dire que c’est à vous que je fais cadeau du modèle; vous le donnerez de ma part à l’auteur des Mémoires du Diable.
Il paraît que les morts sont plus sensibles à ces cadeaux-là que les vivans; sans quoi, vous savez que je vous aurais déjà fait votre affaire à vous, plutôt deux fois qu’une.
Venez donc souper avec moi vendredi, vous verrez mon François Ier.
Votre Clesinger
P.-S. -- On pourra faire la chose plus grande que nature, n’est-ce pas?
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°44, 2/3 janvier 1854, p. 1, col. 1-2.
Gozora à A. Dumas
[Paris, 31 décembre 1853].
Monsieur,
Veuillez être assez bon pour me classer dans les artistes qui ne peuvent manquer de venir se mettre à votre disposition. Croyez que ce n’est pas par amour-propre, mais bien par le désir de coopérer à votre bonne oeuvre. Puisque le buste de Balzac est pris, je me charge de la statue de Soulié.
Veuillez recevoir l’assurance de la parfaite considération de votre bien dévoué,
Gozora
5, rue Villedo (Richelieu),
31 décembre 1853.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°44, 2/3 janvier 1854, p. 1, col. 2.
Félix Jouffroy à A. Dumas
Paris, 31 décembre 1853.
Monsieur,
Quoique n’ayant pas un nom, je m’empresse, si je puis vous être bon à quelque chose, de me mettre à votre disposition comme accompagnateur.
Veuillez recevoir les civilités de votre tout dévoué,
Félix Jouffroy
23, rue du Faubourg-du-Temple.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°44, 2/3 janvier 1854, p. 1, col. 2.
C.-Auguste Colbrun à A. Dumas
[Paris, 31 décembre 1853].
Mon cher Monsieur Dumas,
Vous avez promis de me faire une réputation, dépêchez-vous vite, pour que je puisse concourir, pour ma petite part, aux représentations de Balzac et de Soulié.
Je vous aime,
C.-A. Colbrun.
Apprenti comédien.
Publ., “Causerie avec mes lecteurs”, Le Mousquetaire, n°44, 2/3 janvier 1854, p. 1, col. 2.
À Auguste Nefftzer
[Paris, fin 1853- 1854].
Mon cher Nefzer,
Je vous envoie deux amis à moi -- Le Mousquetaire non timbré ne peut rien pour eux. La Presse peut tout.
À vous très cher
Alex. Dumas.
Aut., Archives départementales de l’Aisne, J. 1106.
Victor Cochinat à Edmond Viellot
[Rouen, 31 janvier 1854]
Comment je ne vous ai pas écrit, mon cher Viellot, mon vieux camarade ! mais je ne fais que ça, depuis que ce diable de Strebek a passé à Rouen, comme une bombe.
Je vous ai adressé une lettre il y a 10 jours au plus avec la suscription :
à M. Edmond Viellot
aux bureaux du Mousquetaire
1, rue Laffitte – Paris.
Et je ne comprends pas comment vous n’avez pas reçu cette lettre. Du reste, mon cher ami, non seulement je vous ai écrit encore à la même adresse, mais je vous en avertis, chez vous, rue St Nicolas d’Antin 7, d’où il est plus que probable que vous êtes sorti, - mais enfin n’importe !
Mon cher ami, j’accepte avec le plus grand plaisir d’être le correspondant du Mousquetaire ici. Je peux mieux qu’un autre être utile au journal. Hier, j’ai vu M. le Préfet au bal de M. le comte de Germiny, receveur général à Rouen, et je l’ai prié d’accorder au Mousquetaire l’autorisation d’être vendu & crié aux théâtres de Rouen. Il m’a dit qu’il en signerait l’ordre aujourd’hui. C’est fait !
J’apprends à l’instant que la permission est accordée et signée.
Ainsi donc mon cher Viellot, envoyez-moi pour commencer vingt-cinq Mousquetaires par jour et des affiches. Je ferai de mon mieux pour les abonnemens et la vente du journal.
Quant aux annonces, nous les ferons dans le Journal de Rouen & MM. Roussel & Haulard, libraires, vendront aussi Le Mousquetaire concurremment avec le vendeur du théâtre.
Envoyez-moi surtout vingt-cinq numéros à part du Mousquetaire d’aujourd’hui, mardi 31 janvier. Ma lettre revue, corrigée et spirituellement augmentée par notre cher confrère Paul Bocage que je remercie sincèrement et à qui je donne la plus nerveuse des poignées de main, ma lettre donc a eu le plus grand succès ici. On la transcrit demain dans le Journal de Rouen. – Cela aidera à la propagation du journal.
Comment voulez-vous que je vous oublie mon cher & vieux complice de copies-Dumas à la vapeur et de macaronis avec trop de fromage. C’est impossible ! Seulement j’écris peu aux amis, étant obligé de le faire trop souvent pour les abonnés.
Ainsi donc, à demain les Mousquetaires et les affiches. À demain surtout les n°s contenant ma lettre; Ce cher Rusconi – Le voilà donc lancé par M. Dumas & Buloz jusqu’à la postérité la plus reculée. Est-il toujours mauvais joueur. – Bonjour à tous les amis. Comptez toujours sur moi. Je suis toujours bon garçon, bon camarade & dévoué corps & âme à la maison. J’ai été content d’apprendre que Melvil-Bloncurt se portait bien. C’est un brave garçon aussi.
Tout à vous de bonne
Amitié
V. Cochinat.
Rouen ce 31 janvier.
[suscription:]
Monsieur Ed. Viellot
Rédacteur du journal Le Mousquetaire.
& Secrétaire de M. Alex. Dumas.
1, rue Laffitte
Paris.
[c.p.:]
Paris (60) 6e 1er février 1854.
BnF, n.a.fr. 24641 f. 384-385.
Victor Cochinat à Edmond Viellot
[Rouen, 4 février 1854]
Mon cher Viellot,
Vous êtes un homme étonnant ! Vous me demandez si je veux être le correspondant du Mousquetaire. Je vous réponds : oui ! et je vous donne la manière d’agir – Vous ne me répondez rien et ne m’envoyez que 25 numéros contenant ma lettre !
Voulez-vous, oui ou non, m’envoyer 25 Mousquetaires tous les jours ?... Si vous le voulez, faites-le et surtout si vous chargez d’autres personnes de la vente & de l’abonnement du Mousquetaire, prévenez-m’en. Car je vous préviens que je ne le ferai pas vendre concurremment avec aucun autre journal.
J’ai fait un abonnement de trois mois dont j’ai reçu les douze francs. J’ai remis cet argent au caissier du journal de Rouen, M. Roussel, qui est en même temps libraire. Cet argent est à votre disposition. Il faudra envoyer tout le mois de janvier, époque où commencera l’abonnement, à M. Cousinard, principal clerc chez Me d’Été à Rouen. Envoyez dès la réception de cette lettre à ce monsieur son abonnement qui est payé à M. Roussel, lequel s’impatiente de toutes ces lenteurs. Nous avons la permission du Préfet. Nous avons une dizaine de promesses d’abonnemens qui s’effectueront et nous sommes sûrs de vendre ici une trentaine de Mousquetaires par jour, mais vous concevez que si vous n’agissez pas que le zèle le plus chaud va se décourager à ces lenteurs.
Si d’ici mardi matin M. Cousinard n’a pas reçu son abonnement, si je ne reçois rien... pas même les numéros que vous m’envoyez personnellement, je serai obligé de faire rendre son argent à M. Cousinard, et je ne me mêle plus de rien.
Ainsi donc, mardi délai fatal.
Je vous envoie un n° du Nouvelliste de Rouen où il y a un article très bienveillant pour Mr Dumas, d’un de mes amis. Cet article qui émane d’un des plus chauds admirateurs de Mr. Dumas mérite les honneurs de la reproduction. L’auteur aspire à cette faveur qui le contenterait beaucoup. Quant à moi je lui ai formellement promis que ce serait fait + et avec sa signature bien entendu = et j’espère que notre spirituel Bocage me fera ce plaisir.
Ai-je tort d’y compter. Répondez-moi sur tout cela quatre mots et régularisez la position d’ici mardi.
Votre ami sincère
V. Cochinat .
4 février 1854.
P.S. – Heureusement, mon cher ami, que je n’ai pas mis de suite ma lettre à la poste, car j’ai reçu les 25 nos du Mousquetaire d’hier. Je dois vous avertir, mon ami, que si vous ne m’envoyez pas ceux du jour-même, que cela nous empêchera de les vendre, attendu que l’on aura toujours un numéro plus frais que nous. Qui vous empêche de nous les expédier la veille au soir avec les deux autres numéros du Mousquetaire qui se trouvent dans la boîte du Journal de Rouen qui part de la rue Ste Anne N°55 chez votre imprimeur. Envoyez-les du moins le jour-même. Roussel vous demande quelles sont les conditions de la vente et de l’abonnement, ce qu’il aura, enfin. Pensez à M. Cousinard et à l’article du Nouvelliste de Rouen. Adieu tout à vous de bonne amitié.
BnF, n.a.fr. 24641 f. 386-387.
Fernand Desnoyers à A. Dumas
[27 mars 1854]
Monsieur,
Votre Mousquetaire de dimanche dernier vous a sans doute appris qu’il se prépare en ce moment un volume intitulé : Fontainebleau : - les noms de ceux qui écrivent ce livre en font une œuvre littéraire ; le but de ce livre, dont tout le profit est destiné à un homme qui s’est ruiné par amour pour la forêt de Fontainebleau, en fait une bonne action.
À ce double titre, je vous demande, je réclame de vous, qui êtes une illustration dont la bienveillance n’est pas moins notoire que le talent, quelques pages, quelques lignes sur Fontainebleau.
Fernand Desnoyers.
Lundi 27 mars 1854.
BnF, n.a.fr. 24641 f. 388.
À Alphonse de Lamartine
[Paris, 5 mars 1855/ ou 1854]
Très cher et très illustre ami,
Voici Mr Bellini qui porte un beau nom comme vous voyez et qui voudrait bien mettre en musique deux ou trois de vos poésies imprimés.
Pouvez-vous l’autoriser ?
Cher et illustre, prenez je vous en supplie dans votre portefeuille inédit quelques vers de vous et faites cette riche subvention au Mousquetaire.
Toutes les tendresses de mon admiration
5 mars Alex. Dumas
1 p. in-8°, mention : 11. Lettres et manuscrits autographes. Documents historiques, Drouot-Richelieu, vente mardi 21 et mercredi 22 novembre 2006, n°154.
À Boulé
[Paris, automne 1855]
Cher Boulé
Je vais donner 40 Causeries en deux mois et reprendre Les Mohicans après César – mais c’est mon dernier effort.
Si le Mousquetaire ne remonte pas il me sera impossible de travailler plus longtems pour rien.
Ne croyez-vous pas qu’au milieu de cette misère les trois sous nous nuisent.
À vous
Alex. Dumas.
J’espère que votre voyage vous a fait du bien.
Autographe : Bibliothèque de l’Institut, Fonds Madeleine et Francis Ambrière, Ms 7893, 33. Papier bleu.
Mousquetaire II
À Émile de Girardin
[Paris, novembre 1866]
Vous m’avez permis l’autre soir d’annoncer dans votre journal, le retour à la vie du Mousquetaire. C’est samedi à deux heures, qu’il sortira des presses de l’Imprimerie internationale. Un des principaux attraits de ce premier numéro sera un article contre vous, en réponse à vos attaques contre ce que vous appelez la Petite Presse qui menace de devenir la grande, si elle ne l’est pas déjà devenue. Mais vous êtes trop bon polémiste pour que ce ne soit pas au contraire une raison pour vous d’insérer cette lettre à titre de déclaration de guerre à vous comme styliste et au Baron Brisse comme cuisinier.
Tout à vous
Alex. Dumas.
Autographe: Les Autographes, 122, juillet 2007, n°90.
Création et Rédemption, roman promis à la Revue de Paris, ne verra le jour qu’en 1869.
Hugo a sans doute remercié Dumas du long chapitre des Mémoires consacré à Marion Delorme, publié dans La Presse, le 22 octobre 1853.
Diane de Lys avait été représentée pour la première fois au Gymnase le 15 novembre. Compte rendu dans Le Mousquetaire, n° 2, 21 novembre: “Feuilleton dramatique: Diane de Lys ” [Alfred Asseline].
Cf. Réponse de Clairville à Alexandre Dumas, Le Mousquetaire, n°7, 26 novembre 1853; A. Asseline, “A Clairville”, Ibid., n°8, 27 novembre 1853.
“Encore la critique et les critiques. Réponse à M. Alex. Dumas”, La Presse, 21 novembre 1853. Allusion aux feuilletons du Mousquetaire des 12, 25 et 26 octobre 1853.
Première représentation de Les Cosaques de Judicis et Arnault au théâtre de la Gaîté. Feuilleton d’Albert Blanquet dans Le Mousquetaire, n°10, 29 novembre 1853: “Impossible d’être plus gracieuse plus jolie que ne l’a été Mme Isabelle Constant dans le nouveau rôle qu’elle vient de créer”, et de la comparer à une miniature d’Isabey ou de Mme de Mirbel.
Cf. “Causerie avec mes lecteurs”, n°41, 30 décembre 1853, p. 1: “A l’Odéon, qui a joué Les Ressources de Quinola ; au théâtre de la Porte-Saint-Martin, qui a joué Vautrin ; au Gymnase, qui a joué Mercadet ; à la Gaîté qui a joué Paméla Giraud [...]/ Nous dirons à Alphonse Royer, à Fournier, à Montigny, à Hostein;/ -- Amis! un tombeau pour Honoré de Balzac.”
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